Photographe de films : un métier
Le photographe sur un tournage est avant tout un photographe professionnel.
Il s’agit d’une spécialisation tout comme cela est le cas pour les photographes de mode, les portraitistes, les photographes de sport, de politique, culinaires, d’architecture...
Il photographie pendant les répétitions (même si la lumière, les costumes, le maquillage, la coiffure ne sont pas finalisés), durant les prises de vues à l’aide d’un Blimp et/ou après la dernière prise d’un plan s’il le juge nécessaire.
Le besoin et l’utilisation des photographies
Les photographies sont utilisées pour la vente, le marketing et la publicité du film.
Elles sont en général les premières images que découvrent les spectateurs et déclenchent leur désir de voir le film.
Elles sont aussi destinées à la finalisation du montage financier (ventes à l’étranger, marchés du film durant le tournage), à la communication via la presse papier, via Internet (sites web, presse, réseaux sociaux), aux dossiers de presse, aux affiches, affichettes et cartes postales du film, aux jaquettes et bonus des DVD, aux CD audio, à l’édition de livres, au merchandising, à des échanges - financiers ou non - avec des lieux de tournages (institutions, régions…) et à la justification de placements de produits.
Ajoutons que les choix des photos d’exploitations d’un même film diffèrent sensiblement selon les pays qui le distribuent et leur mode de communication.
Si ces images sont utilisées d’une façon optimale, elles contribuent de façon conséquente au succès du film au Box Office, aux diffusions télévisuelles, et aux ventes DVD dans le monde.
Ce travail photographique est la mémoire des cinéastes, des comédiens, des équipes de tournage, de toutes les aventures vécues ensemble sur un plateau de cinéma.
Soulignons que la vie d’un film ne se limite pas à son temps d’exploitation dans les salles, on peut avoir besoin de ces images plus tard pour des rétrospectives, des ouvrages, des expositions...
Le travail du photographe sur un tournage
Le photographe sur le tournage est en relation avec plusieurs départements qui contribuent à la création et à la diffusion du film. Il travaille directement avec les acteurs, le réalisateur et son équipe, le chef opérateur, l’ingénieur du son, les techniciens et les ouvriers, l’attaché(e) de presse, le marketing et la distribution.
Ses qualités humaines et techniques, son adaptabilité et sa discrétion, sa connaissance des codes du tournage sont essentielles pour qu’il fasse partie intégrante de l’équipe et ne gêne pas les prises de vues du film.
Traditionnellement le photographe est présent sur toute la durée du tournage, ce qui permet une relation harmonieuse avec les acteurs et les réalisateurs ainsi qu’une intégration durable à l’équipe « de la face ».
En raison de restrictions budgétaires, le nombre de jours définis à l’avance isolément est souvent insuffisant pour fournir un travail de qualité dans de bonnes conditions et avoir une vraie couverture du film. Par ailleurs, le plan de travail évoluant forcément au fil du tournage, certaines scènes sont déplacées sur d’autres jours qui n’avaient pas été choisis. Certaines scènes photographiées peuvent aussi êtres coupées au montage.
Et puis une présence constante favorise la magie de l’imprévisible.
L’utilisation d’un Sound Blimp (caisson insonorisant - et coûteux - dans lequel sont placés l’appareil photo et l’optique choisie) est un outil devenu inhérent au métier, afin de ne pas gêner les acteurs, ni la prise du son direct par des déclenchements sonores pendant les prises.
Le Blimp permet aussi et surtout d’obtenir des photos dynamiques et de varier les points de vue.
Le passage du support argentique au support numérique
A l’époque de la photographie exclusivement argentique, le photographe du film rendait ses pellicules à la production en fin de journée, tout comme les rushes. Les pellicules étaient développées au laboratoire, les sélections et validations par les acteurs se faisaient à partir de planches contacts ou d’épreuves de lectures afin que des tirages calibrés et définitifs soient ensuite réalisés. Plus tard les images argentiques ont été scannées pour faciliter la communication et répondre à un marketing en pleine mutation.
Les frais de pellicule, de labo et le processus de tris/validations étaient pris en charge par la production.
Nous sommes passés à l’ère du numérique.
Pour des raisons pratiques, les photographies sont maintenant prises grâce à des appareils photo numériques professionnels. Grâce à cela, il y a une grande économie de papier photo et de produits chimiques (ce qui n’est pas mal pour la planète!).
Le photographe doit investir dans un matériel photographique et informatique de pointe, qui composent sa « bijoute », pour être techniquement à la hauteur et pouvoir suivre les évolutions des prise de vues cinématographiques : les pellicules modernes sont plus sensibles et le tournage en Digital Cinéma permet de tourner en très basse luminosité.
La qualité et la définition des capteurs photo plein format sont très supérieures à celles des caméras Digital Cinéma, par conséquent à celles du 35mm, et permettent ainsi des recadrages et détourages en vue d’affiches publicitaires de grande taille.
La latitude d’exposition des boîtiers photo est supérieure à celle des caméras, ce qui permet de photographier par exemple au 250eme lorsque la caméra du film est au 50eme à 25 images/seconde, et donc d’obtenir des photographies nettes, piquées, et sans flous de mouvements.
Précisons que l’extraction de photogrammes des images du film est un travail long et laborieux - qui a un prix - lorsqu’il s’agit de trouver de rares éléments sans flous de mouvement. De plus la qualité des fichiers est bien moindre (compression et plus petite résolution), lorsqu’on a recours à ces photogrammes.
En projection, à 24 ou 25 images/seconde, le manque de définition et les flous sont masqués par le mouvement. C’est le principe de la persistance rétinienne.
Résolutions numériques du Digital Cinéma:
2,5K : ALEXA RAW
2K format 1.85 et Télécinéma : 2,2 millions de pixels
2K format 2.39 et Télécinéma : 1,8 million de pixels
4K : RED
4K format 1.85 : 8,6 millions de pixels
4K format 2.39 : 7,0 millions de pixels
Résolutions numériques de boîtiers utilisés par les photographes de films :
Canon 5D Mark III : 22,3 millions de pixels (RAW : 27 Mo, JPEG large : 5 Mo en moyenne)
Canon 5D Mark II : 21,0 millions de pixels (RAW : 27 Mo, JPEG large : 5 Mo en moyenne)
Canon 1D X MK II : 20,2 millions de pixels
Nikon D4s : 16,2 millions de pixels
Nikon D5 : 20,8 millions de pixels
Nikon D810 : 37,1 millions de pixels
Réaliser les prises de vues dans le respect du ton du film souhaité par le chef opérateur et le cinéaste.
Décharger les cartes mémoires des fichiers Raw et/ou Jpeg sur l’ordinateur.
Editer : rejeter les photos disgracieuses.
Renommer les fichiers selon la chronologie du tournage et pour éviter les doublons (qui sont possibles lorsqu’on travaille avec plusieurs boîtiers).
Présélectionner un choix assez large de bonnes photos à présenter pour les validations. Ce choix doit permettre d’avoir un bon choix d’images validées après le processus de « killing » des acteurs.
Développer : traitement basique des fichiers (Raw ou Jpeg) qui équivaut aux épreuves de lecture en argentique.
Sauvegarder les données sur un ou plusieurs disques durs de Back-Up fournis par la production.
Ce travail sur ordinateur demande au minimum 1 journée pour 5 jours de tournage.
Les fichiers des boîtiers professionnels utilisés pèsent lourd et le temps de calcul des ordinateurs, même performants, est incompressible.
Chaque photographe ayant sa propre méthodologie, il est bon de se mettre d’accord en amont sur le workflow spécifique à chaque production de film, l’enveloppe « labo argentique» s’étant déplacée en partie, ou en totalité, sur le poste du photographe.
Lorsque les validations des photos et les choix de communication ont été faits, il en résulte un jeu d’exploitation brut sur lequel il convient de travailler tout comme cela se fait sur le film, monté et étalonné en numérique.
Calibrer/Etalonner les photographies dans le respect de la colorimétrie du film définitif. Le photographe du tournage, qui travaille aux côtés du chef-opérateur est souvent le plus à même d’être au courant de ses intentions.
Retouches simples : optimisation de l’image en effaçant par exemple une perche son, quelques petits boutons, en réduisant de façon réaliste les rides…
Retouches beauté : certains photographes savent et aiment le faire.
Un laboratoire photographique de qualité spécialisé peut effectuer ces travaux. Cela a un coût. Le travail est payé à l’heure et l’on peut passer entre ½ heure et 2 ou 3 heures sur une image selon la nature de l’étalonnage et des retouches.
Les postes d’étalonneur et de retoucheur sont des métiers à part entière. Certains photographes maitrisent ce travail.
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